L’interview de Sophie Bassot, une artiste en quête d’émotion pure

Peindre, pour Sophie Bassot, c’est bien plus qu’un métier : c’est une nécessité, un souffle vital. Après un tournant décisif dans sa vie, elle s’est engagée corps et âme dans l’art, trouvant dans la peinture une manière de traduire ses émotions et ses souvenirs les plus intimes. À travers ses paysages, elle nous invite à une exploration sensible de l’âme et du temps, où chaque toile devient un miroir de ses traversées intérieures. Dans cette interview, elle nous ouvre les portes de son univers, partageant avec sincérité son processus créatif, ses inspirations et les défis de son métier. Plongez dans cette rencontre avec une artiste alsacienne dont la peinture est un dialogue entre la terre, le ciel et l’instant présent.
Photo Sophie Interview

Sophie, est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

« Je m’appelle Sophie Bassot, j’ai 55 ans et je peins depuis que je suis petite, mais j’ai commencé à peindre réellement à 38 ans et démarré ma carrière à 40. »

A quelle occasion as-tu décidé de devenir artiste ?

« Après un changement de vie brutal où mon expression de liberté était devenue vitale, je ne pouvais pas faire autre chose que ça, c’était vraiment le moyen de respiration essentielle. »

Merci et pourquoi tu as choisi de peindre des paysages ?

« Alors, les paysages ne sont pas arrivés tout de suite. J’ai eu une période où j’ai eu à vomir ce que j’avais à expurgé de moi, les paysages sont arrivés comme une espèce de douceur, comme un baume au cœur. En fait les paysages sont arrivés à moi comme une lecture d’âme, comme une lecture de mon enfance, de ce que j’étais avant, ce que j’étais pendant et ce que je serai après. Comme quelque chose d’immuable ; le paysage est juste là pour être cette reliance à la terre, de la Terre, du Ciel, du ciel et de la terre. »

Ces paysages que tu exprimes, que tu peins, ils viennent d’où en fait ?

« De mon intime, de souvenirs, de choses que je ressens, de ressentis. Alors il y a toujours cette histoire du travail de la ligne, souvent il y a des séries. En ce moment je suis sur la série des traversées mais à chaque fois, c’est en corrélation avec ce que je vis. Donc s’il y a des paysages qui sont très tempétueux, où au début il y avait la mer, il y avait l’océan, des mers démontées, des choses comme ça, j’avais l’impression d’être en apnée. En fonction de de ce que je traverse, va s’exprimer sur la toile vraiment une partie de moi. »

Quelle est selon toi, la partie la plus difficile de ton travail ?

« La diffusion ! La partie la plus difficile… il y a deux choses, la diffusion, le fait de donner à l’autre avec un grand « A » la possibilité d’acquérir les œuvres et de les laisser aller faire leur vie. L’autre partie la plus difficile est cet état de latence, où il y a cette page blanche et d’accepter ces temps de patience, jusqu’à ce que l’ultime sorte. D’être dans ce geste, d’accepter aussi l’erreur de ce qu’on est. Parce qu’on est que des humains, la perfection n’existe pas. Moi je ne suis pas en train de reproduire quelque chose au carré. Savoir s’arrêter aussi. De montrer à l’autre, de montrer à voir, parce que c’est moi, c’est ce que je suis à l’intérieur de moi. C’est ma partie intime en fait, c’est un bout d’âme de moi en fait. C’est-à-dire que les gens qui font l’acquisition de ces œuvres c’est un bout de moi qu’ils ont. »

Tu nous accueilles dans un atelier que je trouve magnifique, où l’on se sent bien. Est-ce que cet atelier a un impact sur ta création ?

« Essentiel ! Il a un impact parce qu’il faut qu’il vibre ce que je suis. Il a un impact parce que ça fait partie c’est ma maison. En fait c’est presque plus ma maison et tout le monde n’y rentre pas, j’ouvre très peu l’atelier… une à deux fois dans l’année au public ; mais sinon c’est vraiment une partie de ma maison donc un prolongement de mon moi. »

Interview Sophie BASSOT
Interview Sophie BASSOT

Est-ce que tu peux me décrire une journée type dans ton atelier ? Est-ce que, déjà, tu as une journée type dans ton atelier ?

« Non, non, il n’y a pas de journée type, quand l’inspiration est là il faut la prendre quand elle est là, quand vraiment tu es habité par ça. Il n’y a absolument pas de journée type, parce que sinon ça serait de l’usine. En disant que chaque jour c’est ça, puis là faut que je fasse, en fait faut pas, faire faut être ! Donc à partir du moment où tu transmets ton etreté, tu n’es pas dans le faire, donc il n’y a pas de journée type »

Mais quand tu as l’inspiration qui te vient, est-ce que tu as un rituel avant de commencer l’œuvre ?

« J’ai un rituel, c’est-à-dire que je sors ma grande toile blanche et puis je me mets en face, je me connecte. Il y a une espèce de connexions, d’ancrages qui se font, mais de toute façon, c’est déjà là ! C’est-à-dire qu’à partir du moment où je commence à créer, ça vibre déjà presque au réveil ! C’est-à-dire que même au réveil, je vais y aller comme je suis, pour pas être dans le rituel de dire « Je vais à l’atelier, je vais me laver, me brosser les dents » ! Non je prends ce qui est là ce qui m’a été donné et je vais laisser transparaître ce qui est !»

à quel moment décides tu décides qu’une  œuvre est terminée ?

« Tu le ressens ! Aujourd’hui je le ressens, je le sais. Avant je pouvais faire le geste de trop, aujourd’hui je le ressens. On est quand même sur une multiplication de couches, je peins à la verticale. On est entre 20 et 30 couches successives, des glacis. Les pigments sont là, se révèlent les uns aux autres et a un moment, quand c’est fini, je le ressens. Oui, aujourd’hui je le ressens ! »

Est-ce que tu as des artistes qui t’inspirent ?

« Alors, mon plus gros réveil artistique, ça a été lorsque j’avais 15 ans. C’était à Bâle. C’était une exposition… ça va être banal hein, mais c’était Monet. J’avais 50 francs dans la poche que j’avais pris de ma tirelire. En fait je ne pouvais pas m’acheter le livre de l’exposition alors je me suis acheté une serviette de bain… que j’ai encore avec le dessin de Monet. En fait, c’est que j’ai été attirée parce que ce sont des morceaux de ses Nymphéas et il y avait ces grands panneaux, j’étais assise et j’étais transporté en fait…par la grandeur des œuvres, en fait, de cette espèce de flou de… euh, je ne sais pas, il y a quelque chose qui s’est passé. Après, il y a Olivier Debray, avec ses grands panneaux. Ces morceaux de Loire, comme ça, ou presque, abstrait. J’adore le romantisme de Constable, j’adore le romantisme. Toute la partie anglaise et allemande, tout ce côté Heimlich…, Fragonard aussi, avec les arrières de Fragonard… pas les personnages. Plein de choses en fait, c’est assez hétéroclite… Je suis aussi subjuguée par Soulage…, avec juste une seule couleur et cette matière…, voilà ! »

Est-ce que tu peux nous parler de ce sur quoi tu travailles en ce moment ou même de tes projets à venir ?

« Alors là j’ai fini une grande année où j’ai peint toute une série de traversé, 2020. A chaque fois on peint, la production c’est N-1. Donc, va être diffusé ce qui a été produit en 2024 ! Les projets 2025 sont…, vous serez au courant bientôt ! »

Super je te remercie Sophie !

« Merci à vous ! »

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Notre selection d'oeuvres de Sophie Bassot